Article rédigé par Bob Larcher, The leadership game changer
On parle beaucoup dans les pays anglo-saxons de la Force ou résilience Mentale (Mental Toughness). Livres et articles commencent à paraître en France.
Mais la Force Mentale qu’est-ce que c’est au juste ?
- Quelles sont les « composantes » de la Force Mentale ?
- Faut-il être un « Terminator » avec des nerfs d’acier et les émotions du plancton pour avoir une Force Mentale élevée ?
- Est-elle l’apanage de quelques individus d’élite ?
- Peut-on combiner sensibilité et Force Mentale ?
- Hommes et femmes sont-ils « égaux » face à la Force Mentale ?
- Tout le monde peut-il développer sa Force Mentale ?
J’ai découvert la notion de Force Mentale il y a environ 20 ans quand je me suis formé à l’approche développée par le professeur Peter Clough, de l’université de Hull en Angleterre, en conjonction avec le cabinet de conseil britannique AQR – ils ont conçu et mis au point à la fois une façon de mesurer la Force Mentale et des méthodes pour la développer.
Selon le Pr. Clough la Force Mentale est une qualité : « qui détermine en partie comment chacun affronte les défis, les sources de stress et la pression ». Elle est directement liée à notre performance, nos comportements, notre bien-être et à nos aspirations.
Selon le modèle de Peter Clough, La Force Mentale recouvre 8 composantes, regroupées en 4 dimensions :
- Dimension Maîtrise (maîtrise émotionnelle et maîtrise de sa vie)
- Je peux maîtriser mes émotions et les émotions des autres
- Je sais où je vais dans ma vie, je suis maître de mes propres décisions
- Dimension Engagement (orientation résultats et orientation objectifs)
- Quand je m’engage, je m’engage
- J’aime concentrer mon énergie sur l’atteinte d’objectifs clairs et mesurables
- Dimension Défi (orientation risque et orientation apprentissage)
- Je suis prêt à sortir de ma zone de confort pour réussir
- Pour moi, chaque expérience, réussite ou échec, est une occasion pour apprendre
- Dimension Confiance (confiance en ses capacités et confiance interpersonnelle)
- Je crois dans mes capacités à réussir
- Je peux influencer les autres et rester assertif dans des situations difficiles
Ces dimensions et composantes, en se combinant, procurent une mesure globale de la Force Mentale ; donc, on peut avoir une Force Mentale globalement élevée mais avec « un trou dans la raquette ».
La plupart des images véhiculées par les articles sur la Force Mentale sont masculines (viriles) et « dures » (boxeurs ou militaires en action, corps musclés et tendus, etc.) ; en fait, il ne faut pas être un Terminator pour avoir une Force Mentale élevée. Je me souviens d’une vidéo de Barack Obama (à mon avis, comme la plupart des dirigeants planétaires, quelqu’un avec une Force Mentale assez élevée) presque en pleurs quand il a parlé d’enfants tués dans des massacres aux USA – il a une Force Mentale élevée et, est à la fois, sensible. Plus encore, la force mentale va de pair avec la sociabilité et l’empathie.
Les entraineurs et journalistes sportifs se sont emparés du concept depuis bien longtemps, pour expliquer les performances (ou leur absence) au-delà des qualités physiques et techniques des champions (Novak Djokovic, Kylian Mbappé, Martin Fourcade…). La presse l’évoque aussi maintenant dans la gestion des crises et situations extrêmes comme, par exemple, les interventions par les membres du GIGN.
Nous avons besoin de chacun de ces composantes tous les jours pour faire face à nos « orages » quotidiens et aucune de ces composantes n’a besoin ni de biceps ni de triceps musclés !
La Force Mentale est avant tout un « état d’esprit » (mindset en anglais). C’est l’attitude « je peux » au lieu de « je ne peux pas » ; ce n’est pas quelque chose de tangible, mais la Force Mentale « se traduit » par des comportements très concrets.
La dimension « maîtrise » nous permet d’être ancré où nous sommes ; la dimension « engagement » nous permet de rester objectif, déterminé et focalisé sur nos priorités ; la dimension « défi » nous permet de rebondir rapidement de nos échecs et la dimension « confiance » nous permet d’argumenter nos convictions avec sérénité.
Nous disposons tous de Force Mentale ; mais nous ne sommes pas tous égaux. Les études menées par Peter Clough montrent que la Force Mentale est «distribuée » d’une façon Gaussienne ; il y a ceux qui ont beaucoup, ceux qui ont moins et ceux qui ont peu – mais personne n’a aucune Force Mentale ! De plus, et nous y reviendrons, la Force Mentale s’acquiert en « travaillant » ses composantes.
NB au sujet de cette distribution Gaussienne ; depuis 20 ans j’ai « testé » environ 1000 personnes en France en utilisant la méthode de Peter Clough et voici les résultats sur une échelle de 1 à 10 :
Composant |
Moyenne |
Moyenne |
Force Mentale Globale |
5.5 |
6.0 |
Défi |
5.5 |
5.7 |
Engagement |
5.5 |
6.0 |
Maitrise |
5.5 |
5.5 |
Confiance |
5.5 |
5.8 |
Les études montrent aussi que la Force Mentale est distribuée de la même façon chez les hommes et chez les femmes.
Donc, la force est (plus ou moins) avec nous et si nous n’en avons pas beaucoup, nous pouvons l’accroître, si nous en avons envie. Alors, comment la développer ?
Il n’y a pas de baguette magique et il n’y a pas non plus, comme on voit souvent sur le web, « les 7 clés pour une Force Mentale d’acier » ni le « le secret d’une Force Mentale hors norme ».
Chacun doit construire et pratiquer sa propre boite à outils, selon ses besoins (les « trous de sa raquette ») pour développer conjointement bien-être et performance durable, face aux défis et sources de stress du travail et de la vie en général.
Si vous souhaitez analyser et développer votre Force Mentale ou bien celle de votre équipe, n’hésitez pas à nous contacter.