Début 2020, nous sommes passés en quelques semaines de la ‘confcall du lundi’ à l’addiction aux réunions en mosaïque. Des outils de visioconférence extraordinaires ont pris beaucoup de place, puissants, parfois insuffisants. Leur métier remis en cause par la force des choses, designers et facilitateurs de collaboration ont appris et échangé intensément. Ils sont passés de la sidération à l’excitation, à l’accélération, à l’habituation, à la saturation, à la consolidation, et maintenant peut-être à l’(a)normalisation sur fond de crise économique, de questionnement social etécologique — et de crainte d’un retour de la pandémie.
Que ce soit en présentiel ou en ‘distanciel’, le co-design de collaboration, dans des situations complexes et pour des groupes de quinze à plus de deux cents personnes, mobilise l’intelligence collective pour connecter, partager, comprendre, rassembler, diverger, converger, inventer, essayer, résoudre, décider, formaliser, engager, planifier, transformer, accélérer, consolider… Ses fondations sont constantes : enjeu, urgence, leadership, terrain de jeu, objectifs, confiance au groupe, autonomisation, co- construction, et recherche d’une expérience humaine modélisante et durable.
Si la facilitation est une combinaison de Design et de Présence [cf. Avant-Propos], il faut la réinventer avec une nouvelle dose de Distance. Qu’est-ce qui reste pertinent ? Que faut-il laisser de côté ? Dans quelles directions innover ?
Ce texte est le début de la fiche qui arrive en complément du dernier ouvrage de Philippe Labat : Développer l’intelligence collective, paru aux édition Vuibert.
À la différence des vingt-six fiches du livre qui découlaient directement de son expérience de facilitation, le contenu de cette vingt-septième provient essentiellement des nombreux retours d’expériences partagés par les facilitateurs et designers pendant la période de confinement.